Les dirigeants et dirigeantes locales se réunissent pour définir les priorités en matière de participation politique des femmes et de transformation sociale en vue de Beijing+30 et au-delà.

05.02.2025

Le 31 janvier 2025, sous l’égide de l’initiative WYDE sur le leadership des femmes, des maires, des élues locales et leurs réseaux et équipes du monde entier se sont réunies pour définir les priorités clés de l’agenda politique du Mouvement féministe municipal pour 2025 et au-delà, y compris dans la perspective de la CSW69 et des commémorations de Beijing+30.

 

Plus de 100 participants et participantes – maires et responsables locaux, représentants et représentantes élues et leurs équipes, sections de CGLU et partenaires de l’initiative WYDE – se sont rassemblées en ligne vendredi dernier, le 31 janvier 2025, pour discuter de l’état actuel, des défis à venir et des mesures à prendre pour réaliser les agendas de développement en matière d’égalité des genres, y compris l’ODD5 et la Déclaration et Plateforme d’Action de Beijing. 

 

Dans le cadre de l’initiative WYDE sur le leadership des femmes, menée par ONU Femmes et cofinancée par l’Union européenne, cette consultation en ligne de deux heures visait à faciliter la réflexion et la discussion collectives avec les réseaux de femmes élues au niveau local, par le biais d’un exercice de réflexion sur l’avenir avec les réseaux de femmes élues locales, intitulé « Renforcer les capacités des dirigeantes locales : Priorités pour la participation politique et les transformations sociales ». Cet exercice a permis d’identifier et de réfléchir aux priorités du Mouvement féministe municipal en matière de renforcement des capacités, de transformation des normes sociales et de contribution globale au processus d’évaluation et de commémoration de Beijing+30. Les résultats de la consultation contribueront également à la réunion du groupe d’expertes de WYDE sur l’élaboration d’un cadre mondial sur les normes sociales relatives à la participation politique des femmes, conduit par ONU Femmes.

 

 

WYDE Leadership des femmes : Maximiser les alliances pour faire progresser la participation des femmes à la vie politique et publique

 

Plus spécifiquement, la session a permis de partager des informations sur l’implication de CGLU à l’initiative WYDE sur le leadership des femmes, notamment les objectifs du programme et une feuille de route pour les activités à venir, y compris la mobilisation du collectif des GLR à la 69ème session de la Commission des Nations Unies sur le statut des femmes (CSW69) qui sera célébrée du 10 au 21 mars 2025, et au 30ème anniversaire de la Déclaration de Beijing et de son programme d’action. La session a également exploré les stratégies locales visant à transformer les normes sociales pour l’engagement des femmes dans la vie politique et publique au niveau local, et à définir collectivement les priorités en matière de renforcement des capacités pour le leadership des femmes locales à travers un large processus de consultation.

 

Inaugurant la réunion, la secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, a souligné que l’égalité était la pierre angulaire de toute société et de tout système démocratique, en insistant particulièrement sur l’évolution naturelle du mouvement municipaliste vers un mouvement féministe, qui place désormais au coeur de ses préoccupations les changements institutionnels significatifs nécessaires et le type de leadership dont nous avons besoin pour atteindre l’égalité pour toutes et tous, y compris pour transformer les normes sociales et garantir une prise de décision inclusive et représentative à tous les niveaux. Elle a également souligné le rôle crucial des réseaux, en particulier des organisations de femmes dirigeantes locales, dans la conduite de ce changement avec une approche solidaire et intégrale, en renforçant les capacités et en tirant parti du pouvoir des femmes dans le monde entier.

 

Estela Bulku, responsable du programme WYDE sur le leadership des femmes à ONU Femmes, a donné un aperçu de l’initiative WYDE, rappelant plusieurs de ses principaux objectifs, et des stratégies clés mises en place pour les atteindre, y compris l’approche collaborative et la consolidation des synergies de partenariat, le fait de s’appuyer sur les initiatives déjà existantes pour maximiser les impacts, l’allocation des ressources et la portée du plaidoyer visant à lutter efficacement contre les stéréotypes de genre et les normes sociales biaisées, la violence et la discrimination, et de transformer les voies pour renforcer le leadership des femmes.

 

Lina Andeer, experte en matière d’égalité des genres auprès de la Commission européenne, a ensuite souligné la valeur ajoutée du programme, qui vise à tirer parti du pouvoir de mobilisation des partenaires pour inverser les modèles socioculturels actuels qui empêchent les femmes d’accéder pleinement aux sphères décisionnelles significatives et/ou d’exercer pleinement leur droit à jouer un rôle actif dans la vie politique et publique. Elle a salué l’implication de CGLU en tant qu’espace permettant aux gouvernements locaux et régionaux de faire entendre leur voix, reconnaissant sa valeur ajoutée en matière de diversité et de représentativité dans l’initiative WYDE pour le leadership des femmes.

 

Cécile Roth, Point focal de CGLU pour l’égalité a rappelé l’agenda des activités de CGLU prévues pour 2025 concernant le leadership des femmes et leur participation politique au niveau local, qui s’articulera autour de trois axes principaux : soutenir les réseaux de femmes élues localement et amplifier leur action et leur impact en leur fournissant des espaces pour se connecter et des opportunités pour consolider leurs mouvements ; générer des connaissances et renforcer les capacités, encourager le leadership féministe et l’élaboration de politiques locales inclusives ; et organiser des dialogues pour transformer les normes sociales avec les jeunes, les hommes et la société civile : des éléments constitutifs pour des démocraties locales équitables et des sociétés féministes.

 

 

 

Priorités pour la transformation des normes sociales en matière de participation politique des femmes au niveau local 

 

Le premier segment de la session a été ouvert par Mayra Mendosa, maire de Quilmes, qui a déclaré que « la sororité doit devenir une pratique politique » et que « le municipalisme féministe réside dans la lutte contre l’invisibilisation et la normalisation des violences et la création d’environnements plus sûrs et plus favorables qui permettent à chacun et à chacune d’exercer son droit de participer à la vie politique et publique ». Wobine Buijs, maire d’Oss, a affirmé que « les normes sexistes sont encore si profondément ancrées dans nos sociétés qu’il est primordial de co-créer des stratégies intelligentes visant à éviter que le travail de plaidoyer sur l’égalité des genres ne soit réduit qu’à une ‘question de femmes’ et discrédité, comme c’est encore trop souvent le cas ». Élise Pereira Nunes, adjointe au maire de Tours en charge de l’égalité femmes-hommes et des relations internationales, vice-présidente de Tours Métropole en charge de la transition citoyenne et de la démocratie, et présidente du groupe thématique sur le genre à CUF, a ensuite rappelé que « les dirigeants et les dirigeantes locales sont dans une position unique pour générer des cultures locales d’égalité en augmentant l’accessibilité et la participation des femmes par le biais d’approches intersectionnelles ».

 

Le processus de consultation a également reccueilli les voix de la gouverneure de Santo Domingo de los Tsáchilas et membre de CONGOPE Johanna Núñez, de l’adjointe au maire de Sebkha et membre du réseau YELO Aissata Ba, de la maire de San Mateo Atenco, Ana Aurora Muñiz Neira, de l’adjointe au maire de Cocody et coprésidente pour l’égalité des genres à l’OIDP Nelly Ouassenan, de la secrétaire des femmes de la ville de Mexico Dafne Cuevas et de l’adjointe au maire de Niterói Isabel Swan.

 

 

Priorités pour le renforcement des capacités : Consolider le leadership des femmes et l’intégration de la dimension de genre dans la gouvernance locale

 

La deuxième partie de la session s’est ouverte sur les mots d’introduction de Gertrude Rose, secrétaire générale de l’Association des gouvernements locaux d’Afrique de l’Est, qui a souligné « le rôle crucial des réseaux et des partenariats, ainsi que la nécessité de favoriser et d’améliorer l’engagement actif des partenaires mondiaux auprès des gouvernements locaux et des organisations de la société civile, en réfléchissant collectivement à la signification de l’intégration de la dimension de genre ».

 

Le segment, modéré par Ana Falú, Conseillère en matière de genre, CGLU-UBUNTU, s’est ouvert sur les réflexions d’Emil Broberg, Conseiller de la région d’Östergotland, membre de la Commission permanente de CGLU sur l’égalité des genres et de la Commission permanente du CCRE sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale, qui a souligné la nécessité de continuer à aller au-delà du quota de 50% de femmes en nombre de sièges élus et de postes de décision afin d’assurer une place plus importante à l’égalité des genres au sein des agendas de développement, en veillant à inclure les hommes dans le processus, et il a invité les participantes et les participants à se joindre à la Conférence sur le genre organisée à Stockholm en septembre 2025. 

 

La secrétaire générale de CGLU-ASPAC, Bernadia Tjandradewi, a expliqué les priorités des membres de la région Asie-Pacifique et a présenté certains des résultats du processus de consultation mené dans la région, notamment en ce qui concerne les programmes de renforcement des capacités et de mentorat, ainsi que les travaux de plaidoyer, de suivi et les efforts institutionnels en faveur des programmes d’égalité. La représentante de la section régionale européenne de CGLU, Lise Jerlin, a présenté les principaux résultats d’une étude menée en Europe sur la représentation des femmes au niveau local (dans les pays de l’UE et alentours), qui met notamment l’accent sur la violence de genre dans la vie politique et publique.

 

Neila Akrimi, présidente du groupe de travail CGLU-CIB et directrice de CILG-VNGi, a alimenté les discussions en évoquant certains écueils à éviter si nous voulons garantir la mise en œuvre effective de l’égalité dans la gouvernance et les processus démocratiques, notamment le recours au symbolisme, l’ignorance des spécificités, des contextes sociaux et de l’intersectionnalité, la négligence de l’implication des hommes, le sous-financement des initiatives et la priorisation du court terme. La responsable du bureau de coopération au développement de la Diputació de Barcelona, Margarida Barceló, a ajouté que l’autonomisation des femmes ne peut se faire sans garantir un financement adéquat, une perspective transversale, l’inclusion de données ventilées par sexe, ainsi qu’un renforcement des capacités à grande échelle et une formation spécifique.

 

Emilia Saiz a conclu la session en mettant l’accent sur la nécessité de placer les systèmes de soins au cœur de la réflexion sur la transformation des normes de genre dans la prestation de services publics, et d’aller au-delà du travail de soins. Elle a réaffirmé que le financement du renforcement des capacités, l’intégration de la dimension de genre dans les politiques publiques locales et le lien avec les systèmes judiciaires et les cadres juridiques (y compris les règles électorales) restent au cœur des priorités politiques actuelles dans la perspective des agendas en matière d’égalité de genres et de la Déclaration de Beijing et de son programme d’action.

 

 

Vers l’égalité pour toutes et tous, partout : Façonner l’avenir du leadership local des femmes

 

Sur la base des priorités identifiées lors de la consultation, notre feuille de route pour les activités de CGLU dans le cadre de l’initiative de WYDE sur le leadership des femmes se concentrera sur les points suivants :

🔴 Renforcer l’autonomie des femmes et des jeunes en renouvelant les modèles de leadership

🔴 Engager les hommes dans la redéfinition des masculinités pour l’égalité des genres 

🔴 Placer les systèmes de soins locaux au cœur des politiques publiques pour favoriser le changement

🔴 Travailler avec les institutions publiques et les partis politiques pour accroître l’engagement des femmes en politique.

 

Ensemble, nous tissons un avenir où l’égalité des genres s’ancre fermement dans la gouvernance locale et permet de renouveler le leadership mondial. 

 

Ces discussions et contributions alimenteront directement l’agenda du Mouvement Féministe Municipal en 2025 et au-delà, notamment dans la mobilisation pour la 69ème session de la Commission des Nations Unies sur le Statut des Femmes (CSW69), les célébrations du 30ème anniversaire de la Déclaration de Beijing et de son programme d’action, ainsi que les travaux de la réunion du groupe d’expertes d’ONU Femmes pour l’élaboration d’un cadre global sur les normes sociales et la participation politique des femmes. Cet exercice de visualisation de l’avenir ouvre la voie vers l’égalité et la localisation des Objectifs de développement durable, avec un programme féministe fort et mondialement partagé pour l’égalité et les soins, s’alignant stratégiquement sur le Pacte de CGLU pour l’avenir de l’humanité, et contribuant au Pacte Social-Local de CGLU.