Communiqué de presse de l’exercice de réflexion sur l’avenir (FEE) : redéfinir les finances et l’économie pour un avenir durable

09.05.2023

Les exercices de réflexion sur l’avenir de CGLU, qui visent à contribuer au déploiement du Pacte pour l’avenir, ont été initiés par les Conseils politiques de CGLU. Il s’agit d’espaces de dialogue et de cocréation au sein desquels la direction politique de CGLU, ainsi que la société civile organisée et les partenaires rassemblés au sein des Town Halls de CGLU construiront des ponts pour déployer le Pacte.

 

L’objectif de ces sessions est d’explorer et de discuter de la manière dont les notions de biens communs, des finances, de confiance et d’architecture de la gouvernance contribueront à la manière dont le Pacte pour l’avenir soutiendra la révision de l’Agenda 2030 par l’Assemblée générale des Nations Unies lors du Sommet des ODD et du Sommet de l’avenir de 2024, qui s’alignera sur « Notre programme commun » du Secrétaire général.

Méthodologie de la session

L’exercice a été introduit par la Secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, qui a expliqué que l’intention n’est pas seulement de se concentrer sur pourquoi et comment financer les gouvernements locaux et régionaux. Il nous faut adopter une perspective plus large et discuter des changements qui doivent se mettre en œuvre pour mettre fin à ce système fondé sur une croissance économique et un extractivisme sans fin, et qui ne conduit pas à des sociétés justes, inclusives et libres : l’objectif ultime étant de propulser une transformation dans les systèmes économiques et financiers afin qu’ils permettent de financer l’égalité urbaine et territoriale.

La session a été structurée en plusieurs segments : elle a débuté par une consultation virtuelle introduite par CGLU, qui a cherché à identifier les principales caractéristiques du système financier et économique international actuel et les changements que les participant·e·s jugent nécessaires pour le transformer. Ont suivi des contributions concrètes sur le sujet, mettant en évidence des expériences innovantes et expérimentations en cours sur le terrain, présentées par des conseiller·ère·s politiques de CGLU, des représentant·e·s des Town Halls de CGLU et des parties prenantes. Un segment in-focus a permis aux organisations partenaires d’exprimer leur position quant aux actions nécessaires pour transformer les systèmes économique et financier et le rôle à octroyer aux gouvernements locaux et régionaux en leur sein.

Les présentations des contributions à fort impact pour redéfinir les finances et l’économie ont été suivies de l’Agora, l’espace de dialogue ouvert qui a permis de partager des idées et d’identifier des politiques innovantes qui feront partie du document de vision qui sera publié à la suite de l’exercice.

Redéfinir les finances et l’économie comme point d’entrée du Pacte pour l’avenir

Michael Cohen, The New School, a entamé l’exercice, en partageant une réflexion inspirante sur la façon de reformuler le modèle de développement et de renforcer les finances des gouvernements locaux. En particulier, il a souligné l’urgence pour les gouvernements locaux et régionaux d’être reconnus comme des décideurs sur les questions financières, y compris par le système multilatéral international. Greg Munro, directeur de Cities Alliance et membre du Town Hall de CGLU sur les systèmes de soins, a plaidé en faveur d’investissements centrés sur les personnes pour fournir des services publics de base universels et féministes de façon durable, soulignant le rôle clé de partenariats dans lesquels les gouvernements locaux et régionaux sont bien informés.

 

« Dans les publications récentes du Secrétaire général de l’ONU, une inquiétude est exprimée quant à la réalisation des Objectifs de développement durable, mais ils ne mentionnent pas assez les gouvernements locaux et régionaux. Ce n’est pas correct, surtout si l’on tient compte du fait que 80 % du PIB provient des villes et que les gouvernements locaux et régionaux sont sur le front au cœur de l’action. Nous devons trouver les moyens de nous attaquer sérieusement à ce manque de reconnaissance. » Michael Cohen, The New School

 

« La finance doit faciliter le développement inclusif et la prestation efficace de services. (…) Les décisions d’investissement doivent être prises par le prisme des personnes qui en bénéficieront, la plupart étant des femmes, et des personnes travaillant dans le secteur informel. » Greg Munro, Cities Alliance, Town Hall de CGLU sur les systèmes de soins.

 

Contributions à fort impact – Engagements de transformation

 

L’exercice de réflexion sur l’avenir de la finance et de l’économie a donné lieu à des discussions sur des questions cruciales pour la transformation des systèmes économiques – y compris la nécessité de revoir les systèmes financiers – ainsi que des pistes concrètes pour le faire, telles que la promotion d’une nouvelle architecture de la gouvernance plus inclusive et des prises de décision centrées sur les personnes et permettant une action locale, guidées par le féminisme et les soins, et axés sur la prestation efficace et universelle des services publics.

Dans sa contribution, Emil Dardak, vice-gouverneur de Java oriental, a expliqué comment la pandémie de COVID-19 a eu de graves répercussions sur la fourniture de services publics et sur l’emploi dans leur territoire et, malgré les efforts déployés dans les secteurs de l’éducation et de la santé, certaines dépenses essentielles dans les infrastructures ont été interrompues. La création d’une institution de financement des gouvernements locaux par l’État afin de fournir des prêts à taux d’intérêt nul pour favoriser les investissements dans les infrastructures a permis aux gouvernements locaux d’atténuer les impacts de la pandémie. Cependant, le vice-gouverneur a alerté les participant·e·s sur le fait que la hausse actuelle des taux d’intérêt devenait un défi pour tous les gouvernements locaux et régionaux lorsqu’il s’agit de contracter des emprunts et de rembourser leur dette.

À la suite, Gunn Marit Hegelsen, présidente de l’Association norvégienne des gouvernements locaux et régionaux (KS) et Conseillère politique du Conseil politique de CGLU sur les villes résilientes, a souligné comment, à l’échelle mondiale, les systèmes de gouvernance à plusieurs échelles n’étaient pas adaptés pour répondre aux urgences protéiformes auxquelles nos sociétés sont confrontées. Elle a partagé les apprentissages issus de l’examen infranational volontaire norvégien, soulignant le rôle joué par les dirigeants locaux dans l’ancrage de la démocratie et des droits humains, ainsi que l’urgence de clarifier la répartition des tâches entre les échelons de gouvernement et de permettre une coordination intra gouvernementale efficace. En outre, ces systèmes doivent donner aux gouvernements locaux une autonomie et des ressources suffisantes pour leur permettre d’exercer leur autorité, de faciliter le développement local et de fournir des services aux citoyens.

Manuel Redaño González, Directeur du Fonds andalou des municipalités pour la solidarité internationale (FAMSI) et membre de la Commission de développement économique local de CGLU, a souligné comment, durant la pandémie, des innovations liant le développement économique à la durabilité et à l’équité ont émergé, telles que les monnaies locales et des initiatives liées à l’économie circulaire. En réponse à la crise énergétique, d’autres initiatives ont été prises par la population pour revoir le rôle de la communauté en matière de gestion et d’utilisation de l’énergie. En outre, il a souligné l’importance d’évoquer les investissement et les revenus, mais aussi de s’attarder sur la capacité des gouvernements locaux à développer leurs propres politiques publiques : « l’autonomie des gouvernements locaux doit être améliorée pour mettre en œuvre le Pacte pour l’avenir et assumer nos responsabilités envers les personnes et la planète ».

Pour sa part, Cemal Baş, Conseiller municipal de Keçiören et Conseiller politique du Conseil politique sur la gouvernance pluri-niveau de CGLU, a souligné le rôle clé joué par les associations de gouvernements locaux et régionaux. En partageant l’expérience de l’Union des municipalités turques dans le soutien donné aux municipalités en matière de gestion de projet, il a posé la question suivante aux participants : « Quelles initiatives les associations de gouvernements locaux peuvent-elles entreprendre pour créer des opportunités d’investissement dans le développement pour leurs membres ? »

La discussion a également porté sur la nécessité de reconnaître que « le financement des gouvernements locaux est un élément clé du financement du développement local », comme l’a souligné Jenifer Bukokhe Wakhungu, Directrice adjointe de la pratique du financement local transformateur au Fonds d’équipement des Nations unies (FENU). En outre, elle a déclaré que les systèmes financiers mondiaux aliènent les pays économiquement moins développés, ce qui nécessite de créer de nouveaux systèmes de gouvernance financière qui soient davantage inclusifs, fondés sur de nouveaux partenariats et des solutions adaptés pour augmenter les flux financiers vers les gouvernements locaux et régionaux, afin qu’ils puissent faire progresser le développement local.

L’Agora : les voix locales pour transformer les finances et l’économie

La discussion de l’Agora a permis d’apporter d’autres sujets cruciaux à la table, tels que la solidarité et l’égalité. Selon Wajdi Aydi, adjoint au maire de Sfax : « lorsque l’on parle de finance et d’économie, la solidarité est derrière tous les objectifs que nous devons poursuivre pour parvenir à une véritable décentralisation et à la liberté ». Sri Sofjan, de la Commission Huairou et du caucus féministe de CGLU, a attiré l’attention des participant·e·s sur le pouvoir transformateur du féminisme et des soins : « Comment les économies de soins peuvent-elles améliorer les systèmes économiques et les rendre inclusifs et équitables en incluant une perspective de genre dans le développement économique ?, Comment l’engagement de groupes dirigés par des femmes auprès des gouvernements locaux et régionaux pour améliorer la fourniture de services peut-il contribuer à l’adoption d’une nouvelle façon de faire les choses ? » Tandis que Billy Cobbet, membre du Comité de rédaction du Pacte pour l’avenir de CGLU, a conclu la discussion en soulignant les liens entre austérité et inégalité : « La majorité des États mènent des politiques d’austérité, et dans la plupart des cas, cette austérité fait partie d’un choix politique et non d’une nécessité financière, provoquant un désert économique pour les gouvernements locaux et régionaux, ce qui exacerbe les inégalités des groupes vulnérables de la population. »

L’exercice de réflexion sur l’avenir de CGLU s’est conclu par un engagement à poursuivre et à élargir la conversation sur la manière dont les systèmes économiques et financiers peuvent être transformés et sur les changements nécessaires pour y parvenir. Les prochains exercices de réflexion auront lieu les 10 et 11 mai, axés sur la confiance et l’architecture de la gouvernance.