CFS51 : Maximiser les opportunités de transformation pour des régimes alimentaires sains à partir de systèmes agroalimentaires urbains durables

02.11.2023

Dans le but d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 au niveau mondial, un besoin ressort nettement : la nécessité d’assurer un accès équitable et inclusif à des régimes alimentaires sains, sur la base de systèmes agroalimentaires durables, en comptant sur le rôle clé des villes et des gouvernements locaux.

 

Le 25 octobre 2023, de 13h30 à 14h45 (CET), la FAO, CGLU et un consortium de partenaires* ont coorganisé l’événement parallèle officiel « À notre tour : maximiser les opportunités de transformation à travers le continuum rural-urbain pour fournir des régimes alimentaires sains à partir de systèmes agroalimentaires durables » lors du 51ème Comité de la sécurité alimentaire mondiale, au siège de la FAO à Rome, en format hybride. Cet effort de collaboration souligne la gravité des défis posés par nos systèmes agroalimentaires locaux et mondiaux et le niveau d’engagement collectif dédié à chercher des solutions au niveau local.

Un passage à l’action accéléré et transformateur est primordial pour garantir des régimes alimentaires sains à partir de systèmes agroalimentaires inclusifs et durables. Cette action est nécessaire pour mettre fin à toutes les formes de malnutrition, en particulier chez les plus vulnérables, et pour atteindre, en 2030, les ODD aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux interdépendants. Les gouvernements locaux et régionaux ont déjà montré l’importance des systèmes alimentaires locaux et territoriaux et des agences locales pour faire avancer la transformation des systèmes agroalimentaires afin de réaliser les ODD. Aujourd’hui, l’attention du public s’est déplacée du plaidoyer vers la mise en œuvre, la promotion d’une plus grande appropriation locale et la facilitation rapide d’actions nationales et locales cohérentes et coordonnées.

L’urbanisation est une force déterminante qui façonne nos systèmes alimentaires et la qualité des régimes alimentaires. Les effets de l’urbanisation démontrent la nécessité d’intégrer dans le continuum rural-urbain les chaînes de valeur formelles et informelles, durables et sensibles à la nutrition. Cela présente de nombreuses opportunités pour les villes et les gouvernements locaux, les autres niveaux de gouvernement, ainsi que pour les autres parties prenantes locales ou encore la société civile au sens large. Le renforcement des systèmes alimentaires locaux offre la possibilité de créer des bénéfices mutuels pour les communautés et l’environnement.

En s’appuyant sur les nombreux liens qui existent entre les systèmes alimentaires des petites, moyennes et grandes villes, des villages et paysages ruraux, les interventions au niveau local ont la capacité de contribuer à remédier aux inégalités alarmantes de la société. Ces interventions sont également nécessaires pour répondre à la hausse de régimes alimentaires pauvres dans l’ensemble du continuum rural-urbain, une conséquence de l’urbanisation. Les pratiques de consommation alimentaire – même dans les communautés rurales – privilégient les aliments abordables, pratiques et accessibles, souvent ultra-transformés et à forte densité énergétique, avec des niveaux élevés de sucres ajoutés, de graisses saturées et/ou de sel. Les actions locales permettent de lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire, de préserver la biodiversité et de soutenir les économies locales.

L’action au niveau local devrait donner la priorité à la fourniture de services de qualité et améliorer l’accès, le caractère abordable et la désirabilité d’une diversité d’aliments nutritifs nécessaires à un régime alimentaire sain. Il est essentiel de veiller à l’équité et à l’inclusion des communautés pauvres, des communautés indigènes et en fonction du genre ou des étapes de la vie. Ces efforts perdureront grâce aux approches transversales axées sur les personnes, pilotées par une gouvernance solide et inclusive des systèmes alimentaires et accompagnées par des investissements ciblés aux niveaux local, régional et national.

L’événement du 25 octobre s’est concentré sur trois objectifs clés :

Débattre des approches locales et territoriales : l’événement a permis d’engager des discussions sur les implications d’opter pour des approches locales et territoriales dans le but de relever les défis et miser sur les opportunités de proposer des régimes alimentaires sains à partir de systèmes agroalimentaires durables. Présenter des solutions inclusives : l’événement a présenté des outils et des solutions de systèmes alimentaires inclusifs, centrés sur les personnes et sur le territoire, conçus pour lutter contre la malnutrition, protéger l’environnement, renforcer la résilience et accélérer les progrès vers les ODD.

Multiplier les opportunités : l’événement est parti des opportunités présentées par divers rapports et initiatives, y compris le rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE) sur la « Réduction des inégalités pour la sécurité alimentaire et la nutrition », lequel aborde les systèmes alimentaires locaux et la gouvernance territoriale. Ces exemples peuvent permettre aux gouvernements locaux et régionaux de plaider en faveur de la transformation des systèmes agroalimentaires et d’inciter à l’action.

Acteurs clés de la transformation des systèmes alimentaires ayant participé à la session :

Corinna Hawkes, directrice du Département des systèmes alimentaires et de la sécurité alimentaire, FAO Manual de Aruajo, Maire de la ville de Quelimane Mohamed Sefiani, Maire de la ville de Chefchaouen Charlie Worthington, responsable des systèmes alimentaires, Consumers International Richard McCarthy, président de la Coalition mondiale des marchés de producteurs Stineke Oenema, directrice exécutive d’ONU-Nutrition

Partageant le point de vue des gouvernements locaux et régionaux, le Maire de Quelimane, Manual de Aruajo, a présenté le travail important entrepris dans sa ville sur la formation des femmes et des jeunes au tri des déchets et à la création de compost. Il est essentiel que les États comprennent et apprécient mieux le travail entrepris par les gouvernements locaux pour déployer des systèmes alimentaires durables et équitables. Ceci pourrait les inciter à inclure les gouvernements locaux dans les politiques nationales, à leur fournir des ressources adéquates mais aussi à encourager la transformation des systèmes alimentaires locaux.

Mohamed Sefiani, Maire de Chefchaouen et envoyé spécial de CGLU sur les systèmes alimentaires, a ensuite rappelé l’interconnexion fondamentale entre les services publics locaux et les systèmes alimentaires. Les gouvernements locaux continuent de jouer un rôle essentiel dans la localisation des ODD, comme cela a été souligné lors de la Journée des gouvernements locaux et régionaux du Sommet sur les ODD en septembre 2023. Finalement, il a salué la prise en compte remarquable du rôle et de l’engagement des gouvernements locaux et régionaux dans le cadre du plan de travail du programme pluriannuel (PTPA) du CSA 2024-2027.

CGLU a également participé à la session plénière du CSA sur le programme de travail pluriannuel 2024-2027, en tant que membre ad hoc du groupe consultatif du CSA. Massimo Perrino, Chargé de mission, CGLU, y a souligné que le collectif des gouvernements locaux et régionaux apprécie tout particulièrement la grande place consacrée à l’engagement des gouvernements locaux et régionaux dans le PTPA, autant dans le rapport 2024 du Groupe d’experts de haut niveau du CSA sur le « Renforcement des systèmes alimentaires urbains et périurbains », ainsi que du fait de l’attention qui sera accordée à ce sujet en 2025 sur l’aspect politique et de plaidoyer. 

Dans l’ensemble, le collectif des gouvernements locaux et régionaux a exprimé son plus grand soutien à l’élaboration du rapport du Groupe d’experts de haut niveau et au chantier politique, et se tient prêt à contribuer à l’élaboration d’orientations politiques sur ces questions, organiser des consultations avec le collectif des gouvernements locaux et régionaux, et à porter ces questions devant d’autres forums internationaux où les gouvernements locaux sont actifs, tels que le Forum politique de haut niveau de l’ONU pour l’Agenda 2030 et la Conférence des Parties.

*L’événement a été coorganisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ONU-Nutrition, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), la Coalition des systèmes alimentaires urbains (UFSC), Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition (GAIN), et la Coalition d’action pour une alimentation saine provenant de systèmes alimentaires durables (HDSFS).