Sommet Culture de CGLU : les droits culturels au centre du développement

07.12.2023

Couverture de la deuxième journée du Sommet Culture de CGLU 2023 à Dublin

Mercredi 29 novembre : Le Sommet mondial sur les politiques culturelles locales le plus important au monde se poursuit aujourd’hui dans la ville de Dublin. Coorganisé par la Ville de Dublin (DCC, selon ses sigles en anglais) et Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), le Sommet a pour titre « Culture. Avenir. Objectif. Nous agissons pour amener les visions locales sur la scène mondiale ». À l’occasion, les responsables des politiques culturelles de plus de 150 villes se réunissent pour débattre de la manière dont la culture peut, et doit, être reconnue en tant que partie intégrante des villes durables, et pour défendre l’inclusion de la culture en tant qu’Objectif de développement durable (ODD) spécifique au sein des agendas de développement durable mondiaux de demain.

Une des principales thématiques de la journée a été la nécessité d’établir des alliances entre les différents acteurs dans le but de garantir les droits culturels de toutes et de tous. Lors de la session consacrée à ce sujet, intitulée à juste titre « Partenariats à forts impacts pour les droits culturels », Richard Shakespeare, directeur exécutif en fonction de la Ville de Dublin, a évoqué le Plan de développement de la ville de Dublin (2022-2028) et la manière dont la ville s’était engagée à conduire et à soutenir le développement d’une vision partagée de la culture au sein de la ville à travers des initiatives collaboratives. Il a ajouté qu’« il existe des liens clairs entre les principes stratégiques du Plan de développement de la ville et les transformations dont les villes ont besoin, comme cela est décrit dans le Pacte pour l’avenir de CGLU et ses trois axes, quand bien même l’axe centré sur les personnes soit dominant ». Cette même session a permis de présenter différentes initiatives, introduites notamment par Isabel Macie, conseillère Culture et tourisme de Maputo, Ramiro Pallarés, conseiller auprès du Maire pour la culture de la ville de Montevideo, Kristin Danielsen, directrice du département Arts et culture de Norvège et présidente de la Fédération internationale des Conseils pour les arts et Agences culturelles (IFACCA), Hanna Sandberg, vice-présidente du Conseil de la culture de la ville de Malmö, Iñaki López de Aguileta, directeur de la culture de la ville de Bilbao, et Byung Hoon Jeong, Professeur de l’Université nationale de Gyeongsang, et ville créative de l’UNESCO pour l’artisanat et les arts populaires, Jinju.

À la fin de la session, la 6ème édition du Prix International CGLU – Ville de Mexico – Culture 21, qui reconnaît les villes et les personnalités ayant contribué de manière significative à la promotion des droits culturels pour le développement durable local, a été officiellement lancée. Dublin et Buenos Aires, villes lauréates de l’édition précédente (2022) ont présenté leurs initiatives gagnantes respectives : « AWE : engagement culturel à travers l’accessibilité, le bien-être et l’évidence » et « Abasto, quartier culturel : relance économique et régénération urbaine »

Parmi les autres sessions de la journée : « Clefs pour l’égalité des genres au sein des politiques culturelles », lors de laquelle la Dre Beatriz García, de l’Université de Liverpool a répondu à une question portant sur les brèches en matière d’égalité des genres au sein du champ culturel à l’échelle mondiale et européenne en affirmant que « les femmes sont largement représentées au sein des industries culturelles, en tant que participantes et en tant que publics. Néanmoins, bien que le fait de voir des femmes monter sur scène soit devenu normal, une des principales brèches réside dans le manque d’opportunités en termes d’évolution professionnelle. Bien souvent, les femmes ressentent encore la nécessité de demander la permission et ne se sentent pas véritablement autorisées à participer à la culture. Encore aujourd’hui, l’égalité des chances et d’opportunités est loin d’être une réalité. Les programmes d’orientation et d’éducation ont le potentiel de contribuer à changer cette situation, qui est encore malheureusement bien enracinée. »

Lors de la même session, Yarri Kamara, chercheuse dans le champ des politiques culturelles et auteure, et membre du groupe d’expert·e·s de la Convention de 2005 de l’UNESCO, est revenue sur l’égalité des genres dans les secteurs culturels en Afrique : « les différences de genres existent et sont dues aux normes sociales. Il y a une sous-représentation des femmes au niveau de la prise de décision politique. De surcroît, le problème de harcèlement sexuel continue de constituer un obstacle important à la participation et à la permanence des femmes au sein des milieux artistiques ». Répondant à une question portant sur les quotas en matière de genre, la Dre Mary McAuliffe, historienne, professeure et directrice des études de genres à l’University College de Dublin, a déclaré qu’elle pensait qu’« ils ont fonctionné et ont eut un certain succès en Irlande, en particulier dans le domaine politique. Cependant, nous devons restés conscient·e·s qu’il ne s’agit pas uniquement de quotas en matière de genre. Il est également nécessaire de tenir compte de la diversité des expériences. Nos institutions culturelles peuvent montrer la voie concernant la manière dont nous répondons de manière positive à ces changements. C’est ce qui rend, bien entendu, l’histoire plus intéressante. »

D’autre part, la session « Culture, climat et écotransition » a permis au Dr. William Megarry, point focal pour l’action climatique de la Fédération internationale des monuments et des sites (ICOMOS) Irlande, d’expliquer comment « la culture constitue un élément fondamental de l’action climatique. La culture est importante pour les gens car elle leur permet de savoir qui ils sont et d’où ils viennent. Elle permet de donner un visage au changement climatique. La culture a été essentielle et fondamentale dans chacune des transitions qui se sont opérées dans le passé, et nous devons en embrasser la dynamique. Nous ne pourrons pas réaliser la transition écologique sans culture, c’est la culture qui nous permet de le faire de manière juste ». Catalina Valencia, Secrétaire à la culture de Bogotá, a ajouté que « la culture, ce n’est pas que des événements, mais bien un processus de transformation personnelle et collective. La conversation doit être élargie et impliquer les responsables politiques en matière d’économie, d’environnement, etc. Les agendas culturels et sociaux ne peuvent plus être marginalisés ».

Au cours de la session « Espaces publics, communautés, confiance et artistes », Linda Devlin, directrice de la participation créative de la Culture Company de la ville de Dublin, a décrit la manière dont la mairie travaille de manière efficace pour les artistes et les habitantes et habitants de la ville de Dublin : « Nous écoutons et nous répondons. Nous cherchons à savoir ce qui est le plus important pour les gens et nous tentons de répondre à leurs besoins. C’est une manière de partager le pouvoir avec les gens de la ville ». La session était présidée par le Secrétaire général de CGLU MEWA, Mehmet Duman, qui a loué le potentiel de la culture pour réunir les gens et a mis en exergue le rôle des espaces publics dans le fait de mettre en commun des sens et des significations. Plusieurs représentant·e·s locauxet régionaux comme John McEwen, Maire d’Anmore et vice-président de Conseil d’administration de Metro Vancouver, ont présenté des initiatives locales visant à protéger le patrimoine naturel et à faciliter l’accès des communautés à l’espace public. L’artiste et travailleuse citoyenne Katy Rubin, du Legislative Theatre, une démarche de démocratie participative qui réunit les électeurs et électrices, les responsables politiques et les activistes dans le but d’influencer les politiques et les pratiques locales a notamment déclaré : « Je crois qu’il y a trois ingrédients clefs pour créer de la confiance : une compréhension partagée d’un problème donné ; une expérience partagée de résolution du conflit et un risque ou une sensation de vulnérabilité partagée. Être ouvert à la critique de ce qui ne fonctionne pas, c’est ça être vulnérable ».