Le Sommet Culture de CGLU prend fin avec le lancement de la Déclaration de Dublin : Culture. Avenir. Objectif.

07.12.2023

Couverture de la journée de clôture du Sommet Culture de CGLU 2023 à Dublin

La cérémonie officielle de clôture du Sommet Culture s’est déroulée le jeudi 30 novembre. Lors de la clôture, Richard Shakespeare, Directeur général en fonctions de la ville de Dublin, a déclaré : « Au cours des trois derniers jours, le sommet de la culture a été un espace de débat et de dialogue. Dublin a écouté et appris des exemples partagés par les nombreuses villes participantes ». Carola Gunnarsson, Conseillère municipale de Sala, vice-présidente de CGLU pour l’Europe et envoyée spéciale de CGLU pour la liberté, la solidarité et la lutte contre les violences envers les dirigeants politiques locaux, a évoqué l’importance de continuer à soutenir les groupes les plus vulnérables à travers le monde, et du fait que la liberté d’expression et d’opinion constituent les fondements de la démocratie, ajoutant que « la culture est une force qui ne peut être contrée et qui s’avère être essentielle dans la réalisation de sociétés inclusives et de démocraties durables ». Ernesto Ottone, directeur général adjoint à la culture de l’UNESCO, a célébré les travaux pionniers menés par les gouvernements locaux en matière de promotion d’un Objectif consacré à la culture et a expliqué les étapes à venir sur lesquelles l’ensemble des acteurs devraient s’accorder pour parvenir à apporter des messages significatifs au Sommet de l’avenir des Nations unies en septembre 2024. La conseillère Cat O’Driscoll, presidente de la Commission politique stratégique pour les arts, la culture, les loisirs et les activités récréatives de la ville de Dublin a quant à elle décrit la culture comme quelque chose n’ayant pas de frontières, de local et constituant tant un bien public qu’un droit humain.

La Déclaration de Dublin, disponible ici, a également été adoptée lors de la clôture du Sommet Culture. La Déclaration décrit la culture comme la composante qui nous rend humains, et elle se fonde non seulement sur la Charte de Rome, mais également sur la Déclaration d’Izmir de 2021. Elle reconnaît que « le développement n’est durable et humain que si la dimension culturelle est explicite : le patrimoine sous toutes ses formes, la diversité, la créativité, l’éducation, la transmission des connaissances et le dialogue interculturel », et elle conclut sur l’affirmation que « Les défis mondiaux ne peuvent être relevés qu’en s’attaquant aux défis locaux, et nous, gouvernements locaux et régionaux, sommes les porteurs de ce changement.

En tant que principal point de rencontre des villes, des gouvernements locaux et des organisations investies dans la mise en œuvre effective de politiques et de programmes sur la culture et la durabilité au niveau mondial, le Sommet a été un lieu d’apprentissage et de création de capacités visant à améliorer l’action locale et à promouvoir la connectivité internationale dans les domaines tels que la culture, le climat et l’écotransition ; l’égalité des genres au sein des politiques culturelles ; la culture, la santé et le bienêtre ; les espaces publics, les communautés, le tourisme et la durabilité culturelle, la localisation culturelle des Objectifs de développement durable (ODD), ou encore le patrimoine et l’impact des politiques culturelles.

La ville de Dublin a présenté sa nouvelle Stratégie touristique 2023-2028 lors de la toute première session de la journée, portant sur « le tourisme, les industries créatives et la durabilité culturelle ». Barry Rogers, directeur de l’unité de tourisme de la ville de Dublin, a exposé les six nouveaux piliers stratégiques du tourisme local, parmi lesquels figurait la culture, en signalant notamment que « nous reconnaissons que, pour les personnes visitant Dublin, la culture peut représenter n’importe quoi. L’ensemble de la culture de Dublin nous offre d’énormes opportunités : tant au sein des espaces publics et des lieux culturels, que du point de vue des artistes et des créateurs, des sportifs ou des acteurs culturels, qu’ils ou elles soient émergent·e·s ou de renom international. Notre souhait est de partager avec les personnes qui visitent la ville les nombreuses histoires locales et diverses voix de la ville, tout en nous assurant de protéger et de capitaliser sur notre patrimoine culturel, ainsi que sur le potentiel, sur la créativité et sur la connexion locales dans le but de formuler des réactions inattendues et émotionnelles chez les visiteur·se·s qui nous différencie des autres destinations touristiques ».

Lors de la session sur « la culture, la santé et le bienêtre », Daisy Fancourt, auteure du rapport de l’Organisation mondiale de la santé Quelles sont les preuves du rôle des arts dans l’amélioration de la santé et du bien-être ?, considéré comme le rapport le plus important ayant été publié sur l’art et la santé, a exploré les corrélations qu’il existe entre le bienêtre, la bonne santé et les activités culturelles actives. Parmi ses principales conclusions, elle a notamment mentionné avoir observé chez les personnes participant activement à la culture des niveaux d’angoisse psychologique plus faibles et des niveaux de fonctionnement mental plus élevés ; selon elle, la stimulation cognitive et la mémoire des personnes culturellement actives seraient également bien meilleures, et les indices d’incidence de la dépression, tout comme la probabilité de développer une démence, seraient clairement en réduction. Concernant la santé physique, les personnes pratique une activité culturelle au moins une fois par semaine auraient 27% moins de probabilité de développer des douleurs chroniques.

 

Le Sommet a également donné lieu à deux résultats très importants qui constituent des étapes clés pour les villes et la prise de décision locale dans les années à venir. En premier lieu, la présentation du nouvel outil mondial de CGLU, « Culture 21 PLUS » sur la mise en œuvre locale des droits culturels et du développement durable. L’outil s’appuie sur l’analyse des besoins et des enjeux des villes concernant la mise en œuvre des droits culturels. En 2024, cet outil fera l’objet de tests dans plusieurs villes du monde entier, dans la perspective de son adoption officielle en 2025. D’autre part, le Sommet a également été le théâtre de débats avant-gardistes sur la revendication unanime de l’inclusion d’un Objectif dédié à la Culture dans l’agenda des Nations unies pour l’après 2030, avec notamment une session de clôture ayant favorisé les échanges portant sur la manière de donner forme à cet objectif dont nous aurons besoin dans les agendas de développement à venir. À cet égard, John Crowley, auteur de la proposition d’Objectif Culture pour la campagne #Culture2030goal en 2022, a déclaré que « l’agenda mondial de développement durable est soumis à des pressions qui rendent sa révision d’autant plus souhaitable et possible. Cette révision doit inclure la culture, bien que l’Objectif Culture doive respecter l’architecture des ODD [Objectifs de développement durable]. Cet objectif devra également permettre de réunir les acteurs culturels, d’élargir l’espace de discussion à de nouveaux acteurs, et être transversal, en connectant notamment la culture à tous les autres aspects des ODD ».

Des représentant·e·s de villes du monde entier ont pris part au débat sur les politiques culturelles, les enjeux locaux et les raisons pour lesquelles un Objectif Culture dans les agendas de développement est si essentiel si nous voulons que le développement local durable des territoires et des communautés devienne une réalité, et parmi eux : Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture ; Ceren Umay, directrice du département de la culture de la Municipalité métropolitaine d’Izmir ; Catalina Valencia, secrétaire à la culture de Bogotá, Anne Mistler, adjointe au Maire de Strasbourg en charge de la culture ; Issa Kassis, Maire de Ramallah ; et Enrique Avogadro, ministre de la culture de Buenos Aires.

L’ensemble des membres de la campagne #Culture2030Goal, qui revendique depuis 2013 l’inclusion d’un Objectif Culture dans les agendas mondiaux de développement, étaient également présents, avec notamment les interventions de Marie-Laure Lavenir, directrice générale du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) ; Sharon Memis, secrétaire générale de la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques ; Guillaume Prieur, président de la Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle (FICDC), Silja Fischer, secrétaire générale du Conseil International de la Musique (IMC) ; Lars Ebert, secrétaire général de Culture Action Europe (CAE) ; et Kane Limam Monza, président sortant du Réseau Arterial ; ainsi que Jordi Pascual, coordinateur de la Commission culture de CGLU, qui a modéré la session.

Parmi les partenaires de CGLU qui soutiennent l’appel en faveur d’un Objectif Culture et qui ont, pour l’occasion, également été invité·e·s à donner leur point de vue, on a pu retrouver Magdalena Moreno, secrétaire générale de la Fédération internationale des conseils artistiques et des agences culturelles (IFACCA) ; Robeliza Halip, du groupe principal des Nations unies des populations autochtones pour le développement durable ; Catherine Magnant, de la direction générale pour l’éducation et la culture de l’Union européenne ; Lily Pandeya, directrice de la coopération internationale du Ministère de la culture d’Inde, et responsable du groupe de travail du G20 sur la culture en 2023 ; Rainer Kern, directeur exécutif du Parlement mondial des maires (GPM, selon ses sigles en anglais), Mannheim ; Márcio Tavares, vice-ministre de la culture du Brésil ; Alejandra Frausto, ministre de la culture du Mexique, et Emmanuelle Robert, Responsable des programmes pour la culture, les politiques culturelles et le développement à l’UNESCO.