Le mouvement municipal féministe appelle à la pleine participation des femmes et des filles pour garantir des villes et des territoires inclusifs
23.03.2021
Dans le cadre de la 65ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW65), CGLU a organisé une rencontre sur l’importance de la participation des femmes et des dirigeantes féministes dans la politique et la prise de décisions, comme un facteur clé pour permettre de gouverner avec empathie, de donner la priorité au public en réponse directe aux besoins et aspirations des personnes et des communautés.
Structuré autour d’une session d’ouverture menée par le leadership de CGLU, l’événement a abordé ce que mettre les soins au centre de l’élaboration des politiques impliquerait en termes de politiques concrètes, et ce que le mouvement municipal féministe considère comme des domaines prioritaires clés pour se remettre de la pandémie.
La maire de Polokwane et coprésidente de CGLU, Thembisile Nkadimeng, a ouvert la session en soulignant comment CGLU a toujours défendu l’égalité des genres et appelé à reconnaître la contribution des femmes en première ligne, en plaçant l’égalité des genres au cœur de l’élaboration des politiques, par le biais de politiques de redistribution des richesses et de transformation des espaces publics. Son discours d’ouverture a également abordé le fait que CGLU se joint à l’appel pour convoquer la cinquième conférence mondiale sur les femmes, et la façon dont le mouvement municipal exhorte la communauté internationale à s’unir pour défendre les droits des femmes.
« Vers la récupération et l’après-pandémie, les femmes doivent occuper la place qui leur revient. C’est pourquoi nous avons lancé un appel à l’action, celui du “Leadership des femmes pour l’ère post COVID-19”. Notre rôle de dirigeant·e·s est crucial pour nous conduire vers des villes inclusives et résilientes, vers des villes qui prennent soin de leurs habitant·e·s, sans laisser personne pour compte. » Thembisile Nkadimeng, coprésidente de CGLU.
Lors de la séance d’ouverture, Claudia López, maire de Bogota, et Carolina Cosse, maire de Montevideo, ont également cadré la conversation qui a suivi. Elles ont fait valoir que, pour placer les soins au centre de la relance, il faut créer des emplois qui tiennent compte de la situation des femmes dans le monde entier et considérer le travail de soins comme une activité qui doit être entreprise par les hommes comme par les femmes. Le travail de soins, ont souligné les maires, ne signifie pas seulement se protéger les un·e·s les autres, mais il implique aussi la résilience et la préparation à un avenir de plus en plus complexe. Rosa Pavanelli, secrétaire générale de l’ISP, a également abordé la nécessité de reconnaître la valeur des travailleur·euse·s de la santé publique et la nécessité de s’engager dans des partenariats qui reconnaissent les femmes en première ligne et développent un travail égalitaire.
Des activistes du mouvement municipal, Alejandra Salas, Steven Patrick Landry, Carole Morillon, Sarah Vieux et Federico Batista Poitier, ont délivré les messages clés des « Voix du mouvement municipal – Déclaration à la CSW65 et appel à l’action », appelant à inclure les femmes, les filles et divers groupes, y compris les personnes LGBTQI, les personnes âgées et les personnes handicapées, dans la prise de décisions, et à comprendre la défense des droits des femmes et des filles comme la défense de la démocratie locale et des droits humains. Enfin, l’appel fait valoir que la sauvegarde des droits des femmes doit reposer sur les épaules de l’ensemble de la société, en impliquant les hommes et les garçons dans la défense de l’égalité des genres.
La première table ronde, intitulée « Les gouvernements locaux au service des personnes » (16h40 – 17h30), était modérée par Lucy Slack, secrétaire générale adjointe de CLGF, et présentait les perspectives et expériences locales durant la pandémie, ainsi que des recommandations sur la manière d’intégrer des politiques de soins. Mayra Mendonza, maire de Quilmes, et Noraini Roslan, maire de Subang Jaya, ont toutes deux souligné l’importance d’aborder la santé mentale dans le cadre de la reprise, notamment parce que les confinements ont touché les femmes et les hommes de manière inégale. La valeur de l’espace public et la garantie que les femmes et les hommes y aient un accès égal dans le cadre de la reprise seront essentielles, ont-elles affirmé, pour surmonter l’inégalité entre les genres.
Carole Saab, directrice générale de la Fédération canadienne des municipalités, a plaidé en faveur de l’importance des associations de gouvernements locaux et régionaux pour donner aux gouvernements locaux les moyens d’intensifier leur travail et de financer les politiques féministes. Penny Abeywardena, commissaire aux affaires internationales de la ville de New York, a également souligné l’importance de développer des politiques structurelles pour lutter contre les inégalités, notamment en ce qui concerne la fourniture de vaccins et l’égalité d’accès des populations vulnérables aux services de base.
Rose Molokoane, de Slum Dwellers International, a appelé les autorités locales à prendre en compte les organisations de femmes et à veiller à ce que les données recueillies sur les femmes dans l’informalité soient utilisées après la pandémie.
Le dernier panel, intitulé « Transformer la prestation de services pour des communautés inclusives » et modéré par Emilia Saiz, secrétaire générale de Cités et Gouvernements Locaux Unis, a abordé la question de l’implication des femmes dans la prise de décisions comme moyen de développer des politiques qui mèneraient à l’inclusion et à l’égalité des genres.
Gabriela Cuevas, coprésidente du comité directeur de la couverture sanitaire universelle 2030 (CSU2030), et Pilar Díaz, maire d’Esplugues de Llobregat et députée aux affaires internationales du Conseil provincial de Barcelone, ont souligné la valeur des femmes en première ligne, et ont fait valoir que malgré leur position en première ligne, cela ne se reflète pas dans les processus décisionnels. Il est essentiel de garantir l’égalité d’accès à la prise de décisions afin de mieux récupérer, à la fois pour les femmes et les hommes, et les chiffres actuels montrent que nous ne sommes pas sur la bonne voie.
Alison Evison, conseillère municipale dans le comté d’Aberdeenshire et présidente de COSLA, a également souligné la lutte des femmes locales en Ecosse, et a appelé les associations de gouvernements locaux à donner du pouvoir aux élues locales et à encourager la diversité dans les élections locales. Andrea Cornejo Vargas, présidente du conseil municipal de La Paz, a fait écho à ces propos et a affirmé qu’il est essentiel d’impliquer les militant·e·s dans la prise de décisions et de donner aux femmes handicapées les moyens de s’impliquer dans les politiques afin de véritablement concevoir des villes et des territoires inclusifs.
Gissela Chalá, adjointe au maire de Quito, a fait valoir qu’en plaçant les soins au centre, il fallait renforcer le rôle de l’État dans la prise en charge des communautés. La sphère publique, a-t-elle affirmé, peut jouer un rôle essentiel dans la transformation de la vie des femmes et de tou·te·s les citoyen·ne·s. Johana Nuñez, préfète de Santo Domingo de los Tsáchilas, a évoqué les obstacles qu’elle a surmontés pour devenir dirigeante d’une région, ainsi que l’importance de donner l’exemple et de mener des politiques féministes en tant que dirigeante locale et régionale. Magdalena Czarzyńska-Jachim, adjointe au maire de Sopot, a également souligné l’importance des femmes dirigeantes pour construire l’égalité des genres, et pour surmonter les tendances autoritaires et répondre aux retours en arrière que connaît l’égalité des genres, en plaçant les soins au centre.
A la fin de la session, il a été rappelé que les contributions des femmes maires et des dirigeant·e·s locaux/locales du monde entier feront partie des recommandations pour le Pacte pour l’avenir que CGLU a été mandaté pour développer, ce qui informera le plan de travail de CGLU pour les années à venir.