Des systèmes alimentaires inclusifs et durables sont essentiels pour notre relance après la pandémie de COVID-19
27.04.2021
Les gouvernements locaux et régionaux jouent un rôle crucial pour garantir que les agendas mondiaux deviennent une réalité. La situation actuelle montre que la prestation de services publics locaux est vitale pour assurer la protection des personnes et de la planète.
Le COVID-19 a eu un impact majeur sur les villes, les territoires et leurs citoyen·ne·s, aggravant les inégalités structurelles et empirant la pauvreté, ce qui a également remis en question bon nombre des certitudes que nous avions avant la pandémie. Elle a aussi poussé les citoyen·ne·s et les gouvernements à repenser les modèles actuels de production et de consommation et la manière dont nos économies sont structurées. La situation a en outre mis en évidence le rôle vital des gouvernements locaux et régionaux dans l’atténuation des effets de la pandémie de COVID-19 sur la santé, l’importance de maintenir et d’améliorer le fonctionnement des systèmes alimentaires urbains, la sécurité alimentaire et la nutrition des personnes.
L’expérience #CitiesAreListening sur les systèmes alimentaires urbains : la nutrition et l’urgence climatique, organisée par CGLU, ONU-Habitat et Metropolis, en collaboration avec la ville de Barcelone,capitale mondiale de l’alimentation durable en 2021, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture et le Centre mondial de l’alimentation urbaine durable (CEMAS), a compté sur des gouvernements locaux et régionaux et leurs partenaires pour débattre des effets de la pandémie sur les systèmes alimentaires urbains, ainsi que des liens entre le changement climatique, l’alimentation et la nutrition. Les participant·e·s ont souligné le rôle des gouvernements locaux et régionaux comme parties prenantes clés des systèmes alimentaires, par opposition aux simples consommateurs, rôle qui garantit des systèmes durables et inclusifs.
La secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, a présenté l’esprit de CitiesAreListening, en affirmant l’importance des systèmes alimentaires pour la survie des personnes et de la planète et a souligné la nécessité pour les gouvernements locaux et régionaux d’être à la table de prise de décisions en matière de politique des systèmes alimentaires. Elle a souligné que « nos modèles actuels n’ont pas pour objectif de nourrir les personnes et lutter contre la faim et c’est pourquoi nous pensons que la participation des gouvernements locaux et régionaux est essentielle, afin que nos systèmes fonctionnent pour nos communautés. Notre espoir est que dans la feuille de route vers le sommet des systèmes alimentaires, dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU, les gouvernements locaux et régionaux soient reconnus ».
Ces propos ont été repris par Álvaro Porro, commissaire à l’économie sociale, au développement local et à la politique alimentaire de Barcelone, et Marcela Villarreal, directrice de la division des partenariats de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Álvaro Porro a souligné l’importance de l’année 2021 pour les agendas mondiaux liés à l’alimentation, en raison du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires et du 7e Forum du Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan (MUFPP, selon les sigles en anglais). Il a mentionné que « les villes doivent être reconnues internationalement pour leur rôle unique à transformer les systèmes alimentaires » et a particulièrement insisté sur leur rôle majeur dans l’action climatique. Marcela Villarreal a souligné l’importance d’avoir de meilleures politiques alimentaires plus inclusives et articulées à tous les niveaux de gouvernance en répétant que « nous avons également besoin d’une meilleure articulation entre les villes et les gouvernements nationaux pour que les politiques transforment les systèmes alimentaires et les rendent plus résilients ».
Puis, avant d’initier les tables rondes interactives, un moment spécifique de la session a été fixé pour « penser hors des sentiers battus » avec Cooking sections, un duo de « praticiens de l’espace », Daniel Fernández Pascual & Alon Schwabe, qui se consacre à l’exploration des systèmes organisant le monde à travers la nourriture. Ils ont été présentés par Matteo Luchetti, Orchestras of Transformation, une agence de conservation fondée pour soutenir des projets d’art socialement engagés traitant des ODD, et ont présenté leur projet « Climavore », une plate-forme qui explore la façon dont les humains peuvent faire évoluer leur façon de manger pour en faire profiter le climat.
Le premier panel, animé par Amaranta Herrero, coordinatrice stratégique du projet de capitale mondiale de l’alimentation durable de Barcelone, a partagé des expériences sur la manière dont les villes et les régions ont contribué aux systèmes alimentaires et à l’importance de l’alimentation dans leurs politiques. Au cours du panel, Cristina Sossan, conseillère au bureau des politiques alimentaires de la ville de Milan et John Taylor, conseiller technique en chef de la FAO Bangladesh, ont souligné l’importance de créer un réseau permettant aux villes et aux parties prenantes de partager des informations liées à l’alimentation, tandis que Serafin Pazos-Vidal, chef du bureau de Bruxelles, Convention des autorités locales écossaises, et Dalila Harras, directrice de l’Agence de développement de Chefchaouen, ont relevé le lien intrinsèque entre les politiques des systèmes alimentaires et les politiques locales telles que l’éducation et l’action climatique. Abd Dayem Sidi Mohamed Nounol, conseiller en coopération à la région de Nouakchott, María Eugenia Torres, directrice pour l’égalité et le genre, province d’Azuay, et Cesar Carrillo, directeur de l’économie rurale et de l’approvisionnement du secrétariat au développement économique, Bogota, ont chacun·e présenté leurs perspectives locales. Tou·te·s ont souligné la vulnérabilité des systèmes alimentaires exacerbée par le COVID-19 et la façon dont les gouvernements locaux et régionaux peuvent garantir leur durabilité et leur résilience.
Le deuxième panel, animé par Kostas Stamoulis, directeur, chef de programme stratégique, sécurité alimentaire et nutrition, comptait sur la présence de représentant·e·s et d’expert·e·s d’organisations partenaires allant des réseaux de villes et institutions multilatérales de développement aux organisations spécialisées dans l’alimentation. Ces parties prenantes se sont concentrées sur la façon dont les partenariats pour les systèmes alimentaires urbains peuvent amplifier les actions des gouvernements locaux et régionaux et accélérer les progrès vers le Sommet de l’ONU.
Kostas Stamoulis a présenté les travaux du Groupe de travail sur les systèmes alimentaires urbains mondiaux facilité par la FAO et GAIN, dont le but est de susciter les engagements et le compromis des acteurs des systèmes alimentaires urbains ainsi que d’accroître la participation et de donner la parole aux gouvernements locaux dans les processus mondiaux liés à l’alimentation.
Au cours du panel, Grace Githiri, ONU-Habitat, chargée de gestion de programme associée, Sofie Elise Quist, coordinatrice de projet – politique alimentaire et COP26, Nourish Scotland, et Zachary Tofias, directeur, Food and Waste Climate Solutions and Networks, C40 Cities, ont souligné l’importance de réponses coordonnées pour parvenir à une politique alimentaire urbaine plus inclusive et durable et pour renforcer les liens entre les villes et les campagnes. Vicente Domingo, directeur du CEMAS a souligné le caractère transversal des politiques des systèmes alimentaires rappelant qu’elles ont un effet important sur l’égalité des genres, l’éducation, l’action climatique, la résilience et la protection sociale, entre autres. Ce dernier point a également été repris par Maite Rodriguez, Women and Habitat Latin American and Caribbean Network, qui a souligné que le droit des femmes à la ville inclut leurs droits à des systèmes alimentaires urbains durables et inclusifs.
Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a conclu la session en rappelant que l’alimentation ne concerne pas seulement le gouvernement, mais doit inclure les gouvernements et que CGLU continuera à travailler avec l’ONU et ses partenaires pour garantir que les gouvernements locaux et régionaux aient une voix dans les processus mondiaux.
Repenser nos systèmes alimentaires fait partie intégrante de notre relation avec la planète. Les résultats de la session sont destinés à alimenter notre plaidoyer vers le Sommet de l’ONU et, plus largement, à faire partie des contributions qui alimenteront le Pacte pour l’avenir que notre organisation a été mandatée pour développer. Grâce à la transformation de nos systèmes alimentaires, nous transformerons également notre société en une société qui prend soin de sa planète et des personnes.