3ème conférence des Nations-Unis pour les océans : Les gouvernements locaux et régionaux prennent la parole
16.06.2025

Du 9 au 13 juin 2025, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) a réuni à Nice plus de 50 chefs d’État et de gouvernement, ainsi que le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, dans un moment décisif pour faire avancer l’agenda mondiale pour les océans. L’enjeu est immense : l’acidification des océans, la perte de biodiversité, la montée du niveau de la mer et la pollution croissante sont autant de facteurs qui mettent en péril des écosystèmes entiers — et avec eux, les moyens de subsistance de milliards de personnes.
Cette troisième conférence des nations-Unies pour les Océans a permis de rappeler au monde que l’action pour l’océan commence — et doit être soutenue — depuis les territoires.
Les collectivités territoriales ont joué un rôle visible et stratégique tout au long de la Conférence. De l’événement parallèle officiel coorganisé par CGLU, ICLEI, l’OCDE, le FMDV et Regions4, au lancement de la Coalition « Ocean Rise & Coastal Resilience », leurs voix se sont fait entendre avec force. Lors d’un dialogue exceptionnel avec le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, les gouvernements locaux ont appelé à la création d’un mécanisme de financement mondial pour appuyer l’action territoriale en faveur de l’océan — rappelant que de la résilience à la restauration, la protection de l’océan ne peut se faire que depuis les territoires.

Sommet Ocean Rise and Coastal Resilience – Nice, le 7 juin
Organisé à la veille de l’ouverture officielle de l’UNOC3, le Sommet Ocean Rise & Coastal Resilience — co-organisé par la Ville de Nice et la Plateforme Océan & Climat — a marqué une étape majeure dans la mobilisation mondiale des territoires côtiers face aux impacts croissants du changement climatique. Ce rassemblement de haut niveau a vu le lancement officiel de la Coalition des Villes et Régions Côtières, une initiative visant à rassembler plus de 200 gouvernements locaux et régionaux autour de solutions concrètes pour anticiper la montée des eaux, renforcer la résilience des écosystèmes côtiers et porter une voix politique unifiée dans les instances internationales.
Le sommet a réuni maires, gouverneurs, représentants d’États insulaires ainsi que partenaires institutionnels et scientifiques. CGLU, partenaire stratégique de l’initiative, a été activement impliqué dans la préparation et représenté lors de l’événement par deux élus clés : Leonardo Orlando, préfet de Manabí (Équateur), est intervenu dans l’atelier sur la gouvernance territoriale, tandis que Fatimetou Abdel Malick, présidente de la région de Nouakchott (Mauritanie), a lancé un appel fort en faveur de mécanismes de financement local pour soutenir l’adaptation côtière.
La Coalition sera hébergée par le Global Center for Climate Mobility (GCCM), qui assurera la coordination technique en partenariat avec les acteurs locaux, scientifiques et financiers engagés.

CGLU, partenaire d’un nouvel appel à projets du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères sur l’adaptation côtière et la coopération décentralisée
Au-delà de son plaidoyer sur la scène internationale — notamment autour de l’ODD 14 et du rôle des gouvernements locaux dans la gouvernance durable des océans — CGLU s’engage également à faire avancer des solutions concrètes et opérationnelles. Dans cet esprit, nous poursuivons le travail avec nos partenaires pour renforcer la coopération décentralisée comme levier direct de résilience côtière.
Un moment fort de la journée du 7 juin à Nice a été l’annonce par Frédéric Cholé, Délégué pour les collectivités territoriales et la société civile au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, du lancement d’un nouvel appel à projets dédié à l’adaptation côtière durable. Doté d’une enveloppe d’un million d’euros sur trois ans, cet appel vise à soutenir des projets de coopération décentralisée portés directement par des gouvernements locaux et régionaux, en réponse aux défis posés par le changement climatique, l’érosion des côtes et la préservation des écosystèmes marins.
CGLU est fier d’être partenaire de cette initiative, qui incarne l’alliance indispensable entre engagement politique mondial et ancrage territorial fort.
Dialogue direct avec le Secrétaire général de l’ONU : faire entendre la voix des territoires au plus haut niveau
Le 9 juin, lors d’une session de travail dédiée avec le Secrétaire général António Guterres, CGLU a porté la voix des gouvernements locaux et régionaux au cœur de l’agenda mondial de l’océan. Ce moment rare et symbolique d’échange entre les Nations Unies et les représentants des territoires a marqué un tournant. Le Secrétaire général s’est dit « encouragé par les engagements, solutions et investissements » mis en avant pendant la conférence.
Deux représentants élus ont porté des messages forts au nom de CGLU :
Rodrigo Mundaca (gouverneur de Valparaíso, Chili) a insisté sur le rôle stratégique des gouvernements côtiers pour la protection des écosystèmes marins, plaidant pour une gouvernance plus juste et inclusive de l’océan.
Fatimetou Abdel Malick (présidente de la région de Nouakchott, Mauritanie) a souligné l’importance cruciale de garantir un accès direct au financement local pour renforcer la résilience des territoires face aux impacts climatiques.
Ce dialogue de haut niveau a envoyé un signal clair : les gouvernements locaux et régionaux ne demandent pas seulement leur place dans la gouvernance mondiale de l’océan — ils la prennent.
Une perspective territoriale sur la gouvernance de l’océan : principaux enseignements de l’examen de l’ODD 14 par CGLU
Alors que la Conférence touchait à sa fin, l’événement parallèle « Localiser l’ODD 14 : renforcer la gouvernance multiniveau pour une action durable sur l’océan » a mis en lumière les contributions concrètes des gouvernements locaux et régionaux de quatre continents à la résilience océanique et à la protection du littoral.
Coorganisé par CGLU, ICLEI, OCDE, FMDV et Regions4, l’événement s’est articulé autour de trois piliers : gouvernance multiniveaux, financement durable, et lien entre science, politiques et savoirs communautaires.
La session s’est ouverte par la présentation de l’examen de l’ODD 14 mené par CGLU, à partir des contributions de près de 200 collectivités locales et associations. Ce rapport — qui sera remis officiellement lors du Forum politique de haut niveau (HLPF) en juillet 2025 — identifie quatre défis majeurs : gouvernance fragmentée, financement inadéquat, interface science-politique faible, et besoin d’approches intégrées type « nexus » entre eau, alimentation, climat et biodiversité.
Le panel a réuni une diversité d’expériences territoriales, d’Amérique latine à l’Europe :
Rodrigo Mundaca (Valparaíso, Chili) a rappelé que l’expansion portuaire doit se faire « avec et pour les communautés », et non à leurs dépens. Ana Asti (Secrétaire adjointe à l’eau et au développement durable, État de Rio de Janeiro) a présenté l’utilisation des redevances pétrolières pour investir dans l’énergie propre et la protection côtière. Christine Juste (Adjointe au maire de Marseille) a partagé l’engagement de la ville pour restaurer la biodiversité à travers des partenariats locaux et internationaux, ancrés dans le Cadre mondial pour la biodiversité et la participation citoyenne. Leonardo Orlando (préfet de Manabí, Équateur) a présenté une initiative lancée pendant la pandémie : des écoles de pêche artisanale combinant sécurité, dignité et durabilité dans 10 municipalités côtières. Mätta Ivarsson (Conseillère régionale de Skåne, Suède) a appelé à des « cadres de gouvernance respectueux des réalités locales » et souligné l’urgence de mécanismes de financement à la hauteur des ambitions des acteurs locaux.
Un engagement collectif pour aller plus loin
La session s’est conclue par les interventions de CGLU et ICLEI appelant à une nouvelle alliance politique pour faire progresser l’ODD 14. Cette alliance doit reconnaître les gouvernements locaux et régionaux non comme de simples exécutants, mais comme co-auteurs stratégiques des politiques mondiales de l’océan.
L’événement a également servi de prélude aux messages clés qui seront intégrés dans le rapport ODD de CGLU présenté au HLPF en juillet 2025 — une contribution complémentaire à la déclaration conjointe coordonnée par CGLU au sein du Global Taskforce, qui reflète le positionnement global de la sphère locale dans le contexte de la Conférence sur l’Océan.
La Conférence s’est clôturée le 13 juin par des messages ambitieux sur le climat, la biodiversité et les océans. Elle a rappelé que ces priorités ne sont pas concurrentes mais complémentaires, qu’elles exigent des politiques cohérentes et une coordination institutionnelle renforcée, tout en soulignant la nécessité de corriger les flux financiers fragmentés et d’explorer des mécanismes innovants. Elle a aussi appelé au respect des savoirs autochtones, traditionnels et locaux, et à leur articulation avec les connaissances scientifiques modernes.
Alors que l’océan monte, la voix des territoires s’élève aussi.
Ce que l’UNOC3 a clairement montré, c’est que l’ambition mondiale doit s’ancrer dans les capacités locales, et que la résilience côtière ne peut se construire qu’à travers une approche partagée, multiniveau et territorialisée.