Les femmes élues locales s’unissent en Seine-Saint-Denis pour mettre fin aux violences faites aux femmes en politique
19.12.2024
Du 26 au 28 novembre 2024, des élus et élues locales et régionales ainsi que des experts et expertes se sont réunies à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour discuter et souligner la position essentielle des collectivités locales et régionales dans la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles.
À l’occasion de l’organisation du séminaire international « Vers des territoires qui prennent soin des femmes victimes de violences » organisé par l’Observatoire international des violences faites aux femmes (OIVF) de Seine-Saint-Denis avec le soutien de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) et le soutien financier de l’Agence Française de Développement (AFD), les responsables locaux se sont réunis pour célébrer le rôle crucial des collectivités territoriales dans la mise en place de politiques et de pratiques visant à mettre fin à toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles, en particulier dans les sphères politiques et publiques.
Pendant trois jours, les participants et participantes sont revenues sur les expériences accumulées au cours des trois dernières années, ont partagé des outils locaux efficaces et ont exploré des stratégies visant à consolider des partenariats fondés sur les droits humains. Les discussions ont mis l’accent sur le rôle clé des gouvernements locaux et régionaux dans l’autonomisation des femmes, le développement de nouvelles générations de femmes responsables locales et la promotion de la solidarité avec les femmes du monde entier.
L’événement a également été l’occasion de définir la voie vers Beijing+30 et la 69ème session de la Commission des Nations Unies sur la Condition de la Femme (CSW69) prévue pour mars 2025, sous l’impulsion de CGLU avec le programme WYDE Leadership des Femmes, financé par l’Union européenne et en partenariat avec ONU Femmes, IDEA International, et l’Union Interparlementaire (IPU).
Les gouvernements locaux et régionaux : champions des territoires qui prennent soin des femmes et des filles victimes de la violence
Le deuxième jour du séminaire a été consacré au programme international « Territoires qui prennent soin des femmes victimes de violences », mené par l’OIVF, avec un accent particulier mis sur l’importance des réseaux de femmes élues au niveau local. La journée s’est achevée avec une session co-organisée dans le cadre du programme WYDE, intitulée « Des territoires qui prennent soin : l’autonomisation des femmes dans la politique locale ». Le premier panel a été modéré par Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU, qui a souligné que l’initiative WYDE Leadership des Femmes encourage le dialogue pour discuter des luttes et des obstacles rencontrés par les gouvernements locaux dans l’autonomisation des femmes.
Carola Gunnarsson, conseillère municipale de Sala, envoyée spéciale de CGLU pour la liberté, la solidarité et la lutte contre la violence à l’encontre des dirigeants et des dirigeantes politiques locaux, et vice-présidente de CGLU pour l’Europe, a attiré l’attention sur l’augmentation de la violence physique et en ligne, qui entrave les droits des femmes à participer à la vie démocratique et politique. Oriane Filhol, adjointe au maire et conseillère départementale de Seine-Saint-Denis, a expliqué qu’elle avait reçu de nombreuses menaces lors de campagnes de sensibilisation, appelant à la mise en place de mécanismes pour mettre fin à ce cycle.
Face à ces défis, Hawa Sidibé, première vice-présidente de la région de Nouakchott, a souligné l’importance de REFELA et du quota de 20% de femmes dans les assemblées de son pays, qui constituent des éléments essentiels pour façonner leur avenir. De même, Fabiana Goyeneche, directrice des relations internationales de Montevideo, a souligné la force du mouvement municipal féministe, qui permet à toujours plus de femmes d’accéder à des espaces de leadership politique.
Le deuxième panel était animé par Cécile Roth, responsable des partenariats et point focal pour l’égalité de CGLU, qui a expliqué comment l’initiative WYDE Leadership des Femmes vise à résoudre le problème des normes sociales qui entravent la participation des femmes à la vie politique. Hélène Bidart, adjointe au maire de Paris, a souligné l’urgence d’agir avec des mesures radicales et très concrètes pour faire face aux multiples dimensions des violences faites aux femmes, telles que les menaces physiques ou virtuelles ou le discrédit politique, aujourd’hui plus que jamais renforcées par une bipolarisation extrême. Mamou Bamba Diabaté, maire de Pelengana et président du REFELA-Mali, et Fatimata Sao, conseillère municipale de Tevragh Zeina, Nouakchott, ont réitéré l’importance des réseaux internationaux de femmes pour l’autonomisation. Enfin, Marylin Neven, responsable de la liaison avec l’UE pour IDEA International, a reconnu les défis et expliqué que le programme WYDE vise à transformer les normes sociales et les inégalités pour permettre aux femmes une pleine participation.
Vers Beijing+30 et la CSW69 : le rôle essentiel du niveau local dans la mise en œuvre de politiques et d’outils pour des sociétés inclusives et respectueuses de l’égalité entre les femmes et les hommes
La troisième et dernière journée du séminaire a été marquée par plusieurs dialogues sur la mise en œuvre de territoires de prise en charge des femmes victimes de violences dans le monde, abordant un large éventail de sujets tels que la formation des professionnels, la protection des femmes dans les centres d’hébergement et la création des conditions d’une culture de partenariat avec les associations et les résidents locaux. Ensuite, une session intitulée « Vers Beijing+30 : défis et perspectives des territoires de soins » a réuni des élues locales et des expertes et experts pour discuter des messages clés et des prochaines étapes dans la les préparatifs vers cette étape importante.
Ernestine Ronai a fait part de son expérience lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995, où les villes avaient déjà réclamé les ressources financières nécessaires pour mettre en œuvre des politiques publiques de lutte contre toutes les formes de violence. Elle a souligné l’importance de continuer à s’attaquer à toutes les formes de violence à l’égard des femmes, car l’égalité est fondamentale pour le développement humain. Ana Falú, directrice exécutive de la CISCSA et conseillère Ubuntu de CGLU, a encouragé les participantes et les participants à reconnaître les progrès accomplis tout en approfondissant et en préservant l’agenda féministe en vigueur jusqu’à présent.
Nelly Ouassenan, adjointe au maire de Cocody et coprésidente de l’Observatoire international de la démocratie participative (OIDP) pour l’égalité des genres, a souligné le rôle crucial du Réseau des femmes élues locales d’Afrique (REFELA) dans la facilitation de l’échange d’expériences sur les défis et pratiques communes et la consolidation de nouvelles relations entre les dirigeantes et dirigeants locaux de la région. Le maire de Banjul et président du REFELA, Rohey Malick Lowe, a également souligné l’importance des réseaux de femmes pour mettre en oeuvre des idées innovantes et faire remonter les récits de terrain dans les conversations internationales sur la violence fondée sur le genre.
Les débats ont également fait ressortir plusieurs messages clés partagés par les participants, notamment la nécessité d’assurer l’égalité des femmes fonctionnaires locales qui conduisent des politiques publiques égalitaires, de continuer à exploiter et à renforcer les partenariats avec la société civile et les réseaux internationaux de femmes, d’obtenir des ressources plus nombreuses et mieux adaptées et de garantir l’autonomie financière des initiatives locales, de sensibiliser les générations futures afin que les femmes connaissent leurs droits dès leur plus jeune âge et de réaffirmer le rôle clé des gouvernements locaux et régionaux pour mettre fin à la violence fondée sur le genre.
Catalyser un mouvement et plaider pour l’égalité : Le rôle essentiel des réseaux de femmes élues au niveau local
Enfin, la session intitulée « Catalyser un mouvement et défendre l’égalité : Le rôle des réseaux de femmes élues locales » a abordé la position critique des réseaux en discutant du rôle, des besoins, des aspirations et des priorités communes dans divers contextes des réseaux de femmes élues locales pour faire avancer le mouvement municipal féministe, afin de contribuer à développer des stratégies de collaboration pour le plaidoyer international, en alignant les efforts des femmes élues locales et de leurs réseaux en préparation des célébrations de Beijing+30, et en mettant en évidence ces réseaux en tant qu’acteurs essentiels pour la représentation équitable de l’électorat du gouvernement local et son rôle dans l’ouverture de la voie vers l’égalité.
Maria Alejandra Rico Falla, responsable des programmes de CGLU, a ouvert la session en rappelant les principaux axes des activités de CGLU organisées sous l’égide de l’initiative WYDE : renforcer les réseaux et ouvrir des espaces pour les femmes dirigeantes locales, développer une vision sur le renforcement des capacités et le mentorat, renforcer et consolider les capacités institutionnelles et renforcer le lien avec la société civile pour transformer les normes sociales. Cécile Roth, responsable des partenariats de CGLU et point focal pour l’égalité, a souligné la nécessité de rassembler les priorités et les visions pour l’avenir à travers la construction de mouvements locaux, non seulement dans les réseaux vers l’intérieur, mais aussi vers l’extérieur, comme un sens collectif et une sororité.
Après les mots de bienvenue de la secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, et du maire de Banjul et président du REFELA, Rohey Malick Lowe, le premier segment de la session a permis à Nelly Ouassenan, adjointe au maire de Cocody et coprésidente de l’OIDP pour l’égalité des genres, la princesse Folashade Olabanji-Oba, Vice-présidente d’Ikorodu et présidente nationale de l’Association des gouvernements locaux du Nigeria (ALGOVC) de partager des paroles inspirantes sur la façon dont les pratiques de partage des connaissances, l’autonomisation réciproque et la transmission à travers ces réseaux sont essentielles pour développer un récit commun et une vision articulée afin de renforcer les processus de plaidoyer dans le monde entier.
Ensuite, Mamou Bamba Diabaté, maire de Pelengana et présidente du REFELA-Mali, Gertrude Nadia Sèna Dossa, adjointe au maire, en charge du 2e district de Porto Novo et membre du réseau YELO, ainsi qu’Élise Pereira Nunes, adjointe au maire de Tours chargée de l’égalité femmes-hommes et des relations internationales, et présidente de l’Unité égalité femmes-hommes de Cités Unies France (CUF), ont réfléchi aux possibilités de stratégies communes dans la perspective de Beijing+30 et à la manière de consolider une démarche collective vers la réalisation effective de l’égalité femmes-hommes et de l’autonomisation des femmes à travers le monde.
La session a ensuite facilité une discussion ouverte entre les panélistes et le public, avec des commentaires éclairants de Tamyris Elpidio, coordinatrice de l’unité thématique sur le genre de Mercociudades à Niterói ; Claire Tawab Kebay, adjointe au maire chargée de la petite enfance et de la lutte contre les discriminations à Grigny ; Aissata Bâ, maire de Sebkha et membre du réseau YELO ; Hawa Sidibé, première vice-présidente de la région de Nouakchott ; Kiné Fall, deuxième secrétaire élu du conseil départemental de Ziguinchor ; Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire international des violences faites aux femmes (OIVF), département de la Seine-Saint-Denis ; Fabiana Goyeneche, directrice des relations internationales à Montevideo ; et Ana Falú, directrice exécutive de la CISCSA et conseillère Ubuntu de CGLU.
Le programme « Vers des territoires solidaires pour les femmes victimes de violences » a jeté les bases d’un changement global, comme l’a souligné Emilia Saiz. De la création d’observatoires à l’autonomisation économique des femmes, les initiatives locales sont essentielles pour lutter contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Ce séminaire a démontré que les gouvernements locaux, en collaboration avec la société civile et les réseaux mondiaux, ont le pouvoir de transformer les réalités et de construire un avenir plus égalitaire.
Dans les mois à venir, CGLU continuera à défendre, par le biais d’étapes stratégiques en 2025, l’examen des défis et des opportunités pour les gouvernements locaux dans la localisation du Programme d’action de Pékin, y compris la 69e Commission de la condition de la femme, le Forum politique de haut niveau et l’examen de l’ODD 5, et le Sommet social mondial, ainsi que d’autres événements axés sur la participation politique des femmes, la paix, la culture, et plus encore. Ce seront des moments clés pour réaffirmer le rôle des gouvernements locaux dans la réalisation de l’égalité et la promotion de la résilience. Restez à l’écoute pour des mises à jour alors que nous faisons avancer un agenda commun pour la démocratie, l’autonomisation et le leadership féministe local dans les mois à venir.