À l’issue du 5e Forum Mondial des Villes et Territoires pour la Paix, célébré à Montevideo, les dirigeantes et dirigeants locaux et internationaux ainsi que de nombreux partenaires issus du Comité international d’organisation du Forum, des Nations unies et de la société civile se sont réunis pour adopter un engagement tant audacieux qu’urgent : la Déclaration de Montevideo, une feuille de route pour la paix ancrée dans la justice, l’inclusion et la gouvernance locale.

 

Dans son discours de clôture, Mauricio Zunino, maire de Montevideo, a mis l’accent sur l’un des principes fondamentaux du forum : « La paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflit, mais bien l’existence active de justice, d’équité et de vivre-ensemble ». À travers ces mots, il a appelé les gouvernements locaux à prendre l’initiative de construire une paix durable à partir de la base, réaffirmant ainsi le rôle vital que jouent les villes et les territoires dans l’élaboration des agendas mondiaux.

 

« Qu’il s’agisse de réduire la violence au sein des territoires, de rendre les villes plus sûres, d’accueillir les personnes réfugiées à bras ouverts, de réunir différentes communautés ou d’aider d’anciens combattants à déposer les armes, les collectivités locales contribuent à la paix de manière illimitée et ont un impact profond. Nous devons être reconnus pour cela ». Jan Van Zanen, président de CGLU, maire de La Haye.

 

Le gouvernement national d’Uruguay, représenté par sa vice-présidente et ancienne présidente de CGLU Carolina Cosse, a souligné que la paix est souvent le fruit de l’incertitude et de l’effondrement des normes sociales universelles, et qu’il est important de toujours ancrer les efforts allant dans ce sens à partir du terrain.

 

« Dans ces contextes d’incertitude, que pouvons-nous faire ? La réponse est simple : rechercher la vérité. Une vérité qui se trouve toujours au niveau local, au sein de nos foyers, dans nos quartiers et sur nos lieux de travail. Les problèmes et les urgences sont là, tout comme l’espoir. L’espoir naît localement. Pour cette raison, nous rencontrer aujourd’hui pour discuter des manières de construire cette paix locale est d’extrême importance ». Carolina Cosse, vice-présidente de l’Uruguay.

 

 

S’appuyer sur l’héritage de la diplomatie locale

 

Le Forum de Montevideo est la dernière étape d’un processus mondial qui a débuté à Madrid en 2017 et s’est poursuivi à Mexico et à Bogota. Les forums organisés au sein de ces villes ont eu pour objectif d’élargir les modes de compréhension de ce qu’est la paix, non pas comme quelque chose de contraire au conflit, mais plutôt comme les moyens par lesquels les gouvernements locaux et régionaux peuvent parvenir à résoudre pacifiquement les conflits, et les empêcher de dégénérer en actes de violence.

 

Les forums de Madrid et de Bogota ont permis de présenter les droits humains et les soins – sous la forme de politiques publiques visant à protéger les communautés et de services publics ayant pour objectif de prendre soin des populations – en tant qu’innovations permettant d’élargir les possibilités de consolidation de la paix au niveau local.

 

Ce Forum pour la Paix célébré à Montevideo est l’héritage du leadership des femmes de CGLU. Depuis sa création par la maire Manuela Carmena, à Madrid, jusqu’à l’engagement de Claudia Sheinbaum (Ville de Mexico), Claudia López (Bogota) et Carolina Cosse (Montevideo), le leadership féminin a été un élément essentiel pour comprendre à quoi peut ressembler un monde sans violence. Tout au long du Forum, les femmes dirigeantes ont continué à démontrer que les femmes font indubitablement partie de la solution pour sortir d’un monde de violence. Elles ont souligné l’importance de miser sur des politiques de soins pour construire la paix. Elles ont insisté sur la nécessité de démanteler les structures de pouvoir qui contribuent à générer de la violence, ce qui ne peut être réalisé que grâce à un leadership féministe.

 

La Déclaration de Montevideo s’appuie sur ces enseignements, ainsi que sur l’héritage de CGLU, tel que le Prix pour la Paix de CGLU, l’engagement de Mercociudades en matière de soins et les coalitions régionales contre la discrimination et la xénophobie. Elle souligne l’importance de la participation publique, du financement de l’agenda pour la paix et de l’élaboration de perspectives ayant vocation à dépasser les récits de haine et de violence.

 

La Déclaration reconnaît également l’engagement en faveur de la diplomatie locale et territoriale qui a débuté en 1913, avec les origines du mouvement municipal, et l’objectif de transformer le système international et de mettre en œuvre une diplomatie transformatrice.

 

La Déclaration de Montevideo : La paix pour les peuples, la planète et les gouvernements.

 

1. 1. Une paix axée sur les personnes :
   Les autorités locales ont convenu qu’il était essentiel de s’attaquer aux violences et aux inégalités structurelles. Il s’agit notamment de garantir l’accès au logement, à la justice et aux services de base, tout en luttant activement contre le racisme, la xénophobie et l’inégalité de genres. La Déclaration souligne la nécessité d’une gouvernance inclusive, avec une attention particulière mise sur les jeunes et les communautés marginalisées.

 

1. 2. La justice environnementale pour un avenir pacifique :
   Reconnaissant le lien profond qu’il existe entre la santé écologique et la stabilité sociale, la Déclaration appelle à l’intégration urgente de la justice climatique dans les politiques publiques. La protection des biens communs – l’air, l’eau, la terre – est présentée comme une stratégie de paix fondamentale. Les villes doivent également pouvoir faire preuve de davantage de résilience face aux crises climatiques, afin de protéger les populations vulnérables.

 

1. 3. La gouvernance pour la paix :
   Le rôle des gouvernements locaux en tant que bâtisseurs de paix est souligné par des engagements en faveur de l’éducation démocratique, de l’inclusion sociale et de la prévention des conflits. La Déclaration préconise une véritable coordination entre les différentes sphères de gouvernement et le développement d’espaces permettant aux gouvernements locaux et régionaux de faire entendre leur voix dans les forums internationaux de prise de décision et d’édification de la paix.

 

 

L’importance de la Déclaration de Montevideo va au-delà du document final du Forum. Elle a vocation à devenir une boussole politique qui guidera la consolidation de la paix par l’Organisation mondiale, en s’appuyant sur la Charte de La Haye pour la paix municipale et en renforçant les engagements des gouvernements locaux et régionaux et de la société civile en faveur d’une action commune.

 

À l’issue du forum, les participantes et les participants ont exprimé l’espoir que la déclaration de Montevideo devienne un document fondamental dans les efforts de consolidation de la paix au niveau municipal à travers le monde– un témoignage du pouvoir de transformation du leadership local et régional dans un monde de plus en plus interconnecté.

 

Le Comité international d’organisation du Forum, un collectif d’organisations engagées pour la construction de la paix locale et pour la diplomatie des villes ayant accompagné le Forum depuis sa création, a joué un rôle essentiel dans son succès. Le Comité comprend des organisations telles que AIPAZ, le Conseil provincial de Barcelone, l’organisation des Maires pour la Paix, le PNUD et le Prix de la Paix de CGLU, ainsi que des réseaux de gouvernements locaux et régionaux ayant soutenu le Forum – Mercociudades, FLACMA, Metropolis et CGLU ASPAC – les villes d’origine – Bogotá, Ville de Mexico, Barcelone et Madrid – et des partenaires internationaux tels que l’UNESCO, ONU Femmes et la Banque ibéro-américaine de développement. L’ensemble de ces acteurs se sont tous révélés essentiels pour fournir du contenu, des idées et une vision d’avenir pour le Forum, ainsi que pour créer des alliances en faveur de la construction de la paix au niveau local.

 

Lire la Déclaration ici.