La voix des gouvernements locaux et régionaux au Forum Génération Égalité à Paris
30.06.2021
Du 30 juin au 2 juillet dernier, la communauté internationale et les défenseurs et défenseuses de l’égalité des genres se sont réunis au Forum Génération Égalité à Paris. Cet événement historique est venu conclure un processus multipartite de deux ans visant à mobiliser des engagements et des investissements, 25 ans après la Conférence mondiale de Beijing sur les femmes.
À un moment critique où la pandémie de COVID-19 a exposé les vulnérabilités et l’impact disproportionné de la crise sur les femmes et les filles, le Forum Génération Égalité fournit un cadre d’action pour progresser et enrayer les reculs en matière d’égalité des genres. À l’issue du Forum, près de 40 milliards de dollars US ont été annoncés sous forme d’investissements dans le cadre de différents engagements politiques et de programmes émanant de divers acteurs et actrices, y compris les gouvernements locaux et régionaux.
À l’occasion de ce Forum, CGLU a organisé le 1er juillet la Journée des gouvernements locaux et régionaux – Le mouvement municipal féministe, soulignant l’importance du collectif pour favoriser la participation et le leadership des femmes et des filles au niveau local. Au cours de deux sessions, il a été souligné l’importance majeure des gouvernements locaux et régionaux pour prendre des engagements et contribuer à la localisation du Plan d’accélération mondial sur 5 ans, l’un des principaux résultats du Forum de Paris.
Session 1
Au cours de la session « Les dirigeantes et dirigeants locaux et régionaux engagé·e·s pour prendre soin », Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a rappelé qu’« améliorer la participation des femmes changera également la qualité des politiques que nous élaborons et modifiera les priorités, identifiera de nouveaux éléments essentiels, plaçant les soins au centre ». En vue du nouveau contrat social que notre collectif a été chargé de préparer, le féminisme est considéré comme un aspect fondamental de l’axe sur les personnes, reposant sur un nouveau modèle à mettre en œuvre dans les villes, fondé sur l’empathie, la proximité et l’amélioration de la prestation de services publics locaux. Un programme qui vise à améliorer les conditions de vie et le bien-être des femmes, des filles, des garçons, des hommes et de toutes et tous.
Se référant aux services que les villes et les territoires peuvent fournir pour aider les femmes et les filles, par exemple des lignes d’assistance dédiées pour aider les femmes victimes de violence domestique, Carolina Cosse, maire de Montevideo et vice-présidente de CGLU pour l’Amérique latine a déclaré que « les féminismes et ses mouvements centrés sur la diversité sont l’espoir de l’humanité. Ils permettent une autre perspective de nous-mêmes, montrant qu’une autre façon de diriger et de se relier les uns aux autres est possible ». Marta Suplicy, secrétaire des relations internationales de São Paulo et présidente fondatrice de CGLU, rappelle que « les villes sont les plus proches de la vie des personnes et peuvent être plus sensibles au genre. L’expérience que nous partageons aujourd’hui peut déterminer le prochain niveau d’engagement en faveur de l’égalité pour les années à venir ».
Concernant la crise de la COVID-19, María Fernanda Espinosa, conseillère UBUNTU pour CGLU et ancienne présidente de l’Assemblée générale des Nations unies, souligne que « la relance après la pandémie doit être ancrée dans le principe d’égalité afin qu’elle soit inclusive et durable. Le mouvement municipal doit être au cœur de cette reprise égalitaire ».
La session a également vu le lancement de la publication « L’engagement transformateur des villes et des territoires à l’occasion de Génération Égalité – Un mouvement municipal féministe mondial », qui définit la feuille de route et l’engagement du collectif annoncé à Paris. L’autrice principale Ana Falu, conseillère UBUNTU sur le genre pour CGLU, a expliqué l’importance de la trajectoire des femmes dirigeantes locales, car le « personnel est politique », et a appelé à poursuivre « les progrès dans le démantèlement des stéréotypes, la consolidation des droits, la mise à bas du plafond de verre et du plancher gluant ».
La représentation politique et les droits des femmes ont été soulignés en tant que principe fondamental de la démocratie et des droits humains. Fatimetou Abdel Malick, présidente du Conseil régional de Nouakchott, a déclaré : « il est nécessaire d’assurer la présence des femmes dans toute la chaîne économique et de développement. C’est une question de justice, de devoir et d’efficacité pour la société dans son ensemble ». La pertinence d’engager les hommes et toute la société a été beaucoup rappelé. Bernadia Irawati Tjandradewi, la secrétaire générale de CGLU ASPAC, a célébré le rassemblement des femmes dirigeantes en affirmant que « nous devons prendre soin de nous-mêmes, croire en nous-mêmes et dans les autres. Nous voyons déjà une transformation se produire en Asie-Pacifique, avec la participation de femmes dirigeantes dans la vie publique. Nous devons combiner plaidoyer, renforcement des capacités et motiver tout le monde à faire la différence. »
Macoura Dao, maire de Foumbolo et présidente du Réseau des femmes élues locales africaines (REFELA) a informé que la Charte africaine de l’égalité est en cours d’élaboration et sera présentée au sommet Africités. Carola Gunnarsson, maire de Sala, vice-présidente de l’Association suédoise des autorités locales et des régions, vice-présidente de CGLU, a rappelé la célébration des 15 ans de la Charte européenne pour l’égalité préparée par le CCRE et a souligné l’importance des exemples à suivre : « les réseaux ont la responsabilité d’encourager et de soutenir les femmes à participer à la vie publique locale, mais aussi de se soutenir mutuellement pour faire vivre le mouvement féministe ».
Les maires et autres dirigeant·e·s de villes et de régions ont expliqué les différents défis rencontrés et les nouveaux éléments essentiels mis en avant par les élu·e·s féministes. Abby Binay, maire de Makati, a énuméré les mesures prises par la ville en matière d’égalité des genres, telles que la distribution d’une aide financière, une intervention rapide, un abri pour les victimes de violence et l’arrestation des agresseurs, ainsi que des efforts pour améliorer l’école publique, en aidant les enseignant·e·s et les parents à se familiariser avec internet et d’autres installations. Faisant écho à l’expérience de Makati, Elise Pereira-Nunes, maire adjointe de Tours et présidente du comité de Cités Unies France sur l’égalité des genres, María Eugenia Torres, directrice en matière de genre au gouvernement provincial d’Azuay, et Anila Noor, directrice générale, New Women Connectors, appellent à renforcer l’intersectionnalité et les partenariats, en mettant l’accent sur la situation des plus vulnérables et la nécessité de collaborer avec les personnes LGBTIQ+, les personnes migrantes et les femmes dans les communautés rurales.
Parmi les services publics locaux, la session a permis de rappeler que les soins de santé sont essentiels pour garantir l’autonomie et les droits reproductifs des femmes. Atishi Marlena, députée de l’Assemblée législative de Delhi, vice-présidente d’ICLEI, a démontré que « lorsque les soins de santé publics sont en déclin et que l’accès est compromis, ce sont souvent les femmes qui souffrent le plus. Les soins de santé universels sont le meilleur moyen de garantir que les hommes et les femmes puissent en profiter de façon égalitaire ».